Et si Zurich n’était pas la ville qu’elle croyait être ?
Chers amis romands,
L’été n’aura pas été de tout repos pour nous les Zurichois, un nouveau portrait de notre ville remettant en question, tel un miroir, notre façon de nous voir.
Mais commençons par le commencement : vous le savez peut-être déjà, les Zurichois se considèrent comme assez cosmopolites. Et si on nous pose la question, nous nous définissons comme polyglottes. Et que dire de notre proverbiale ouverture d’esprit, comparée à d’autres régions suisses ! Bref si l’on devait classer une ville suisse parmi les métropoles sophistiquées, ce serait Zurich et aucune autre. Du moins le pensons-nous…
Et maintenant cette nouvelle image, formulée par une Française travaillant dans les RP. Elle m’a raconté qu’elle s’était minutieusement renseignée sur Zurich, ville connue pour être non seulement belle, mais aussi très internationale et multiculturelle. Son intérêt étant titillé, elle s’est rendue à Zurich début juillet pour visiter la ville et rencontrer des Zurichois, des clients potentiels et des professionnels de la communication (agences) avec lesquels elle a beaucoup dialogué. Résultat : l’image qu’elle avait de Zurich a été quelque peu relativisée. Elle confirme certes que les gens sont aimables, que la ville est intéressante en dépit de sa petite taille, l’anglais y étant par ailleurs largement pratiqué. Mais elle ajoute que les Zurichois ne sont finalement pas aussi cosmopolites qu’ils veulent bien le croire. Dans un billet de blog consacré à son séjour zurichois, elle analyse avec beaucoup de pertinence les points où le bât blesse.
Concernant les aspects positifs, la contributrice française évoque effectivement la multiculturalité de Zurich, rares étant les villes européennes pouvant soutenir la concurrence. De plus Zurich est LA métropole d’un pays très puissant sur le plan économique et se démarquant par une très grande diversité culturelle et linguistique. Autrement dit, Zurich aurait toutes les chances de son côté pour être une plaque tournante nationale dynamique au sein d’un réseau international.
Mais quelle désillusion ! Elle constate ensuite que les Zurichois n’exploitent pratiquement pas les avantages évidents qu’apporte la Suisse, l’interculturalité n’étant qu’un leurre en dépit du multiculturalisme et de la soi-disant pratique de plusieurs langues. Quant à la plaque tournante nationale… toujours selon notre contributrice, les Zurichois auraient parfois des difficultés à communiquer avec d’autres régions linguistiques, et ont même du mal à réseauter avec les cantons alémaniques et encore plus avec l’étranger.
Le choc est rude. Même si son analyse est peut-être un peu caricaturale, il est évident que nous ne nous sommes jamais vus sous ce jour.
Je propose donc aux Zurichois de profiter de cette critique pour optimiser notre activité d’intégration et la communication avec nos voisins et donc avec vous, chers amis romands. Profitons des chances que notre petit pays nous offre et apprenons les langues, coopérons et organisons des rencontres – ce n’est qu’ensemble que nous pourrons réussir. L’étranger nous envie souvent l’énorme potentiel que la Suisse polyglotte et multiculturelle détient en dépit de sa toute petite taille.
Je suis convaincu que pour les Zurichois, un échange dynamique avec la Romandie est bien plus qu’un simple nice to have. Notre économie ne peut que profiter de la qualité du réseau nous unissant aux Romands : n’oublions pas qu’un quart du PIB suisse national est le fruit de votre travail, soit 155 milliards de francs – un volume remarquable et un facteur qui, à lui seul, devrait déjà nous inciter à réagir.
Bien à vous,
P.-S. : j’ai failli l’oublier : si vous passez à Zurich, je me ferai un plaisir de vous servir de guide… en français bien entendu.
Harry H. Meier